09-05-2017 Environnement & Développement durable
Une chenille dévoreuse de plastique
La fausse teigne de la cire n’a pas bonne réputation. Lorsqu’il entre dans une ruche pour y pondre ses œufs, ce papillon connu des scientifiques sous le nom de Galleria mellonella opère un véritable carnage. A peine écloses, les larves dévorent les alvéoles à grande vitesse et ruinent la société des abeilles.
Apicultrice amatrice, Federica Bertocchini, biologiste de l’institut IBBTEC de Santander, en Espagne, redoutait la fausse teigne. Aussi, quand elle a découvert des chenilles dans ses ruches, elle n’a pas hésité. Elle a placé les larves dans un sac en plastique. Lorsqu’elle est retournée vers les larves, le sac était plein de trous. La biologiste a décidé de faire une courte pause dans ses recherches en embryologie pour tenter de percer ce mystère.
Le ver avait-il véritablement digéré le plastique ou s’était-il contenté de faire des trous en «recrachant» de minuscules particules de plastique à l’extérieur ? Les scientifiques ont écrasé des chenilles, déposé la pâte sur du polyéthylène… et constaté qu’au bout de douze heures, 13 % du plastique avait disparu. Federica Bertocchini a pu établir que le polyéthylène se transformait en éthylène glycol, un composé potentiellement toxique mais plus facile à dégrader.
Des études sont en cours mais si ce phénomène est le résultat de l’action d’une simple enzyme, on pourra alors la fabriquer à une échelle industrielle. Cette découverte pourrait donc être un outil important pour éliminer les déchets de plastique polyéthylène qui s’accumulent dans les décharges et les océans. »
Source : La Matinale du Monde, 27 avril 2017 – Science et Avenir 26 avril 2017